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Photo du rédacteurLe Réseau de Simone

Disney : premiers acquis du sexisme.

La culture dépeint la société : peinture, sculpture, littérature, cinéma, série...tous ces domaines racontent et montrent une réalité souvent bien triste. Ces œuvres véhiculent des idées sur la société, elles influencent le public d’une façon ou d’une autre. Les enfants sont les premiers touchés par ce qu’ils regardent : ils prennent pour modèle leurs héros préférés et souhaitent devenir comme eux quand ils seront grands. Nos bambins sont des éponges : ils absorbent tout ce qui les entoure et par conséquent les clichés que peuvent véhiculer certains dessins-animés, comme les célèbres Disney qui peuvent s’avérer sexistes...

 "On n’épouse pas un homme que l’on vient de rencontrer. »

Merci Captain Obvious ! Il aura fallu attendre 2013 pour entendre cette phrase sensée dans un Disney, plus précisément dans La reine des neiges. Les anciennes princesses épousaient un prince qu’elles venaient tout juste de connaître : Cendrillon rencontre le prince au bal, Blanche-Neige et Aurore (La belle au bois dormant) sont sauvés par le prince...

On devine facilement que s’il a fallu autant de temps pour sortir une phrase aussi évidente (presque 70 ans...), les clichés véhiculés ne sont pas glorieux : les princesses tombent amoureuses au premier regard de parfaits inconnus, les femmes sont soit niaises ou méchantes et le plus souvent stupides tandis que les hommes, eux, sont grands, beaux et forts ou bien, moches, intelligents et drôles (ils sont dans ce cas les meilleurs amis de notre belle princesse). Ces Disney véhiculent l’image d’une femme passive qui doit être douce, attentionnée, douée en cuisine et qui sait faire le ménage pour trouver l’homme de sa vie, mais aussi d’un homme qui se doit d’être fort, courageux et beau s’il veut épouser une princesse.



Dans Mulan, la chanson Comme un homme (qui annonce déjà la couleur) dépeint parfaitement ce qui est attendu d’un homme :


« Vous êtes plus fragiles que des fillettes

Mais jusqu'au bout, et coup par coup

Je saurai faire de vrais hommes de vous

[...]

Comme un homme

Sois plus violent que le cours du torrent

Comme un homme

Sois plus puissant que les ouragans

Comme un homme

Sois plus ardent que le feu des volcans

Secret comme les nuits de lune de l'Orient »


Outre le sexisme indéniable de la première phrase, on note que l’on attend de l’homme une ardeur, une force et un courage hors norme afin d’être un « vrai homme ». En parallèle, on attend des femmes qu’elles soient de vraies femmes (selon les clichés sexistes, évidement !). Prenons Blanche-Neige, notre chère protagoniste se retrouve dans la maison d’inconnus, et que fait-elle ? Le ménage, la cuisine, le rangement avant de tomber de fatigue après ce dur labeur ! Logique, non ? Cendrillon fait elle aussi la cuisine et le ménage pour sa marâtre et ses belles-sœurs tyranniques, en attendant le prince, Aurore se pique au fuseau (activité typiquement féminine !)... Les exemples ne manquent pas ! Nos personnages sont cantonnés à des clichés sexistes donnant une image faussée de la réalité des choses. Qui plus est, nos princesses ont pour seul objectif de trouver l’amour, comme elles l’expliquent clairement dans leurs chansons. Premier exemple : Un jour mon prince viendra de Blanche-Neige:


« Un jour, mon Prince viendra,

Un jour, on s'aimera,

Dans son château, heureux, s'en allant

Goûter le bonheur qui nous attend ! »

Ou bien dans J’en ai rêvé d’Aurore (La belle au bois dormant) :

« Mon amour je t'ai vu au beau milieu d'un rêve

Mon amour un aussi beau rêve est un présage d'amour

Refusons tous deux que nos lendemains soient mornes et gris

Nous attendrons l'heure de notre bonheur

Toi ma destinée, je saurais t'aimer

J'en ai rêvé

La-la la-la, lalalalala...

Nous attendrons de notre bonheur »


Le bonheur l’attend avec son prince, comme si le bonheur ne pouvait pas se trouver autrement. Nos princesses rêvent de leur prince, elles n’attendent que ça pour être heureuses, Blanche-neige attend de « goûter le bonheur ». Comme le dit Aurore, sans lui les « lendemains [sont] mornes et gris », ils attendent « l’heure [leur] bonheur ».

Voilà le genre d’image faites de la femme dans nos Disney préférés : les femmes ne sont bonnes qu’à s’occuper d’une maison et ne seront heureuses que lorsqu’elles auront trouvé un prince. Une femme est présentée comme un être simple, naïf qui ne trouvera le bonheur que par l’amour et son mari. Si elle ne l’est pas, elle ne sera pas heureuse, finira seule et aigri. L’homme est perçu comme devant être courageux, beau et fort pour plaire à une femme. De nos jours, personne ne souhaite que son enfant grandisse dans de tels clichés sexistes, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut bannir les Disney des écrans. Les dessins-animés présentés  sont très vieux (1938, 1950 et 1959), et dépeignent aussi l’image de la société telle qu’elle était (malheureusement) à l’époque. Par l’éducation et la discussion avec l’enfant, il est tout à fait possible de lui faire prendre conscience que la vie actuelle est loin d’être similaire.

 Les Disney de nos jours abordent les sujets différemment, comme Elsa dans La reine des neiges, qui explique à sa sœur qu’elle ne peut pas épouser Hans, un prince des Îles du Sud, car elle vient de le rencontrer et que par conséquent elle ne le connait pas suffisamment, ou encore Rebelle, une princesse qui souhaite tiré à l’arc et se refuse à être un cliché sexiste de jeune fille modèle.  Les Disney évoluent au fil du temps, les princesses se diversifient : Jasmine est maghrébine, Mulan est asiatique, Tiana (La Princesse et la grenouille) est noire. Vaïana est la première princesse à avoir quelques formes. L’image des femmes dans les dessins-animés Disney évoluent et montrent que la femme ne répond pas à une seule et même image : toutes les femmes sont belles et ne sont pas cantonnées à s’occuper du logis.



Disney n’a cependant pas seulement fait des films de prince et de princesse, nombreuses sont  leurs œuvres, aussi bonnes les unes que les autres : Vice-Versa, Toy Story, Pinocchio, Dumbo, Wall.E, Là-haut, et j’en passe ! Les morales et messages a tiré sont nobles et importants. Pour autant, la morale dans les anciens Disney n’est pas mauvaise : Blanche-Neige apprend qu’il faut se méfier des inconnus, Cendrillon montre que la méchanceté ne donne rien de bien... L’important est de prendre conscience du message négatif qui peut être véhiculé et acquis par les plus jeunes et de montrer le positif du dessin-animé.



Lauranne Bigoureau

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